Le fait-divers criminel au féminin à travers Chanson douce de Leïla Slimani et العربة الذهبية لا تصعد إلي السماء ou La voiture dorée ne monte pas au ciel de Salwa Bakr.

نوع المستند : المقالة الأصلية

المؤلف

Maître de conférences à l’Université du Fayoum

المستخلص

Dans la présente étude, nous allons essayer de briser le silence sur ce sujet tabou, longtemps délaissé et impensé, aussi bien en France qu’en Egypte à savoir la représentation des femmes criminelles dans le roman arabe et francophone. Des femmes transgressives qui font preuve de la cruauté la plus noire et la plus dégoûtante, mises en récit par des écrivaines et des romancières arabes ou francophones qui bouleversent la binarité homme/ femme par rapport à l’univers criminel. Des femmes qui ne sont plus des victimes d’actes de violence mais notamment des actrices généralement perverses et manipulatrices. Il s’agit de mener une réflexion sur la façon dont ces criminelles ont été perçues et représentées dans des œuvres fictives plus ou moins inspirées de crimes vrais. Celles-ci mettent diversement en scène des femmes impliquées dans des actes meurtriers, des délits, des parricides et des infanticides. Des prototypes solitaires qui ont un parcours spécifique et qui cherchent leurs manières et leurs raisons d’être. Les figures de femmes criminelles que nos auteures mettent en récit sont, en réalité, des femmes coupables, des opprimées et des prisonnières marginalisées. Dans العربة الذهبية لا تصعد إلي السماء  ou  La voiture dorée ne monte pas au ciel, premier roman écrit par Salwa Bakret publié en 1991, il s’agit d’une œuvre purement fictionnelle qui relate l’histoire d’un amour tabou entre Aziza et son beau-père et qui finit par assassiner ce dernier. Aziza est emprisonnée dans la prison des femmes. Elle veut écraser la fenêtre de la cellule pour monter au ciel avec sa voiture dorée, vœu qui ne peut pas se réaliser. C’est à travers elle, qu’on voit la monstruosité d’autres pinsonnières. Alors que dans Chanson douce, deuxième roman de Leila Slimani publié en 2016, on a un infanticide commis par une baby-sitter  meurtrière qui s’appelle Louise et qui travaille au service d’une famille parisienne dans le Xe arrondissement. Elle a tué  le deux enfants dont elle avait garde. Un roman largement inspiré d’un double fait-divers américain survenu à New York en 2012. Ici, nous adopterons une approche critique et comparative qui permettrait de découvrir comment des œuvres appartenant à des contextes spatio-temporels bien différents, ont pu se connecter pour brosser un tableau exhaustif de meurtrières aussi bien en France qu’en Egypte.

الكلمات الرئيسية


Introduction

La violence féminine (faites sur et par les femmes) devient un phénomène[1] constant que l’on observe dans presque toutes les sociétés et toutes les littératures. Un phénomène qui pourrait être qualifié d’invisible ou de subordonné vue la domination masculine qui se manifeste clairement dans les faits divers criminels au moins du point de vue quantitatif. Dans la présente étude, nous allons essayer de briser le silence sur ce sujet tabou, longtemps délaissé et impensé, aussi bien en France qu’en Egypte à savoir la représentation des femmes criminelles dans le roman arabe et francophone. Des femmes transgressives qui font preuve de la cruauté la plus noire et la plus dégoûtante, mises en récit par des écrivaines et des romancières arabes ou francophones qui bouleversent la binarité homme/ femme par rapport à l’univers criminel.

Nous nous proposons de partir du fait que la criminalité n’est plus l’apanage des hommes et que l’on assiste à une croissance rapide de sérial kileuses, de tueuses d’enfants et de veuves noires qui tuent avec préméditation leurs époux ou des membres de leurs familles. Des femmes qui ne sont plus des victimes d’actes de violence mais notamment des actrices généralement perverses et manipulatrices. Il est question ici d’avancer de nouvelles hypothèses quant à ce qui lie ces femmes au crime. Il s’agira plutôt de mener une réflexion sur la façon dont ces criminelles ont été perçues et représentées dans des œuvres fictives plus ou moins inspirées de crimes vrais. Celles-ci mettent diversement en scène des femmes impliquées dans des actes meurtriers, des délits, des parricides et des infanticides. Des prototypes solitaires qui ont un parcours spécifique et qui cherchent leurs manières et leurs raisons d’être. Les figures de femmes criminelles que nos auteures mettent en récit sont, en réalité, des femmes coupables, des opprimées et des prisonnières marginalisées. Pourtant, elles sont, le plus souvent, assimilées à des monstres : une monstruosité physique, sociale et morale. Nous allons assister à une image complètement différente d’une femme gardienne du foyer, traditionnellement assignée à la mère, le rôle qu’il est dangereux d’enfreindre.

Il est significatif à cet égard qu’on fait référence aux différentes œuvres qui ont directement abordé la figure de criminelles, telles que Le jardin des supplices d’Octave Mirbeau[2] où Clara, une anglaise sadique, perverse et hystérique, le personnage énigmatique, qui représente une transgression impressionnante qui tend à redéfinir l’identité la plus intime d’une criminelle, reflétant un fort degré de violence exécutée dans un cadre idyllique d’un jardin chinois où le sang des condamnés nourrit des plantes luxuriantes. François Mauriac, dans Thérèse Desqueyroux[3], s’est inspiré de l’histoire vraie d’une empoisonneuse bordelaise qui s’appelle Blanche Canaby dont il a suivi l’affaire dans la presse écrite.

Ici, nous adopterons une approche critique et comparative qui permettrait de découvrir comment des œuvres appartenant à des contextes spatio-temporels bien différents, ont pu se connecter pour brosser un tableau exhaustif de meurtrières aussi bien en France qu’en Egypte. Les deux romancières de notre corpus ont inventé leurs héroïnes: l’une s’est inspirée d’une criminelle réelle sans que le fait-divers premier n’apparaisse dans le roman ; l’autre descend dans les tréfonds de l’âme humaine de différentes femmes prisonnières essayant de les faire sortir de leur marginalité. Toutes les deux font de leurs criminelles des héroïnes, des énigmes, des actrices et des autrices de leur propre vie. Alors que les femmes sont le plus souvent perçues comme des victimes de violence, nos  deux textes montrent qu’elles peuvent en être également des auteures. Les écrivaines mettent en scène des personnages de criminelles autour desquelles se cristallisent les trames narratives, qui servent de fil conducteur pour comprendre à la fois le caractère exceptionnel et banal de la monstruosité féminine.

Dans les  deux romans choisis, les criminelles sont notamment  assimilées à des monstres. Ce caractère particulièrement monstrueux des crimes est attesté diversement dans les deux œuvres. Dans العربة الذهبیة لا تصعد إلی السماء[4] ou  La voiture dorée ne monte pas au ciel, premier roman écrit par Salwa Bakr[5] et publié en 1991, il s’agit d’une œuvre purement fictionnelle qui relate l’histoire d’un amour tabou entre Aziza et son beau-père et qui finit par assassiner ce dernier. Aziza est emprisonnée dans la prison des femmes. Elle veut écraser la fenêtre de la cellule pour monter au ciel avec sa voiture dorée, vœu qui ne peut pas se réaliser. C’est à travers elle, qu’on voit la monstruosité d’autres pinsonnières. Alors que dans Chanson douce, deuxième roman de Leila Slimani[6], on a un infanticide commis par une baby-sitter  meurtrière qui s’appelle Louise et qui travaille au service d’une famille parisienne dans le Xe arrondissement. Elle a tué  le deux enfants dont elle avait garde. Un roman largement inspiré d’un double fait-divers américain.

Nous allons nous interroger sur cette réappropriation du fait monstrueux qui remet en question leur position éthique par rapport aux faits relatés et la légitimité à s’en saisir pour en tirer une œuvre. S’agit-il d’une transposition fidèle au fait premier présenté dans la presse écrite dans le cas de Leila Slimani? Selon quels procédés a lieu la transposition ou la création d’un fait divers dans leurs œuvres littéraires ? Les textes, adoptent-ils des tons journalistiques ou créent-ils des faits divers fictifs ?

Dans ces deux univers romanesques choisis, on peut observer une double vision du crime au féminin. Il ya d’abord le crime visible, celui du meurtre des deux enfants dans Chanson douce ou ceux commis par les femmes prisonnières dans La voiture dorée ne monte pas au ciel. Puis, il ya une autre face du crime qui se fait moins voir et peut même demeurer inaperçu. Il s’agit du crime moral, qui n’est pas moins grave que le crime physique. Si l’aboutissement du premier est la mort physique, le crime moral, ne laissant aucun cadavre, est d’autant plus grave qu’il produit des mort-vivants. Et nous pouvons dire que les criminelles dans le roman de Salwa Bakr sont largement touchées par ce double crime : le crime visible et le crime moral.

 

Les femmes à l’épreuve du crime.                             

La criminalité féminine était marginalisée[7], délaissée et suscitait l’intérêt de peu de chercheurs. Ceux-ci s’intéressaient plutôt à la violence en général ; autrement dit à la violence masculine. Par ailleurs, la criminalité féminine a été l’objet de rares études historiques ou criminologiques dans le monde arabe. Elle a été abordée soit localement soit partiellement. A notre connaissance, deux études seulement ont été menées sur la criminalité de sérial kileuses égyptiennes de grande envergure Raya et Sakina. Il s’agit de l’essai écrit par Salah Issa et intitulé رجال ریا وسکینه، سیرة سیاسیة وإجتماعیة[8]   ou Des hommes autour de Raya et Sakina, une biographie politique et sociale et سرداب المومسات[9]  ou Le crypte des prostituées de Mohamed Abdel Wahab. Ce sont deux livres denses et fort documentés sur cette affaire et plus particulièrement celui de Salah Issa qui, grâce à ses sérieuses références, à la presse et à de nombreux autres documents, devient l’incontournable lecture pour quiconque veut s’instruire sur cette affaire.

Signalons que d’autres travaux ont été conduits, en France et ailleurs,  sur l’imaginaire du crime féminin (colloque Criminelles organisé en avril 2015 à l’Université de la Haute-Alsace) ou d’autres travaux ont été réalisés selon une approche genrée de l’écriture narrative[10]. Mais, le premier livre, à notre connaissance, particulièrement consacré à la représentation des femmes criminelles dans la littérature, fut publié en 2006 en Amérique du Nord  et intitulé Violence, Silence and the Female Imagination :Quebec’s Women writers Reframe Gender in north american Culture[11]. L’auteur y pose de nombreuses questions troublantes relatives à la dimension sexuée de la violence: la femme criminelle est-elle plus monstrueuse que son homologue masculin, puisqu’elle transgresse les stéréotypes récurrents de la « nature féminine », partant du fait que la criminalité n’est pas compatible avec l’idée que l’on se fait de la féminité ? Pourquoi ne pas envisager une violence à soi, propre à la femme ?

 

La criminalité féminine et ses représentations romanesques.

Nombreux sont les écrivains qui ont donc choisi de faire de l’acte criminel féminin, réel ou fictif, individuel et volontaire, la matière de leur œuvre pour en proposer un autre traitement et faire de meurtrières les personnages de leurs ouvrages. Ceux-ci s’inscrivent en faux contre les stéréotypes qui accompagnent le genre féminin. Nous avons choisi de travailler sur deux récits qui sont également à même de rendre compte des traits communs de constructions des identités féminines, plurielles ou composites tout en rendant visibles ces criminelles avec toutes leurs physionomies. Ces deux textes problématisent le meurtre au féminin comme une démarche de protection identitaire et libératrice.

Là, il s’agit d’une tendance authentiquement féminine qui prend une forme toute particulière : des femmes écrivant sur d’autres femmes criminelles en France et en Egypte. En fait, la représentation de la criminalité féminine par nos deux auteures, appartenant à deux cultures et deux aires géolinguistiques différentes, soulève la question de l’universalité du crime au féminin à travers le temps et l’espace. Ces romans, quel que soit le nom que nous leur donnons, pourraient recouvrir plusieurs sous-catégories telles que : le roman noir, le roman d’énigme, le roman à suspense et le roman social ou « sociologique » ou un polar aux accents psychologiques.

Nous voudrions envisager les représentations de cette violence féminine dans deux types de récits fictionnels écrits par deux romancières défenseures de la cause féministe : Leila Slimani, une journaliste et romancière franco-marocaine née, le 3 octobre 1981 d’une mère franco-algérienne et d’un père marocain ; et Salwa Bakr, une romancière et critique littéraire égyptienne née au Caire en 1949. Il s’agit respectivement de Chanson douce, le deuxième roman de Leila Slimani, couronné du prix Goncourt en 2016 et publié après Dans le jardin de l’Ogre[12]. Dans son roman, Slimani s’est inspirée d’un double fait-divers infanticide réel aux Etats-Unis : le premier a eu  lieu en 1997 et auquel notre romancière s’est référé pour forger le prénom de son héroïne Louise tout en faisant allusion à Louise Woodward, une jeune anglaise qui a tué un bébé en le secouant violemment ; le second fait divers survenu en 2012 et qui raconte le meurtre de deux enfants par leur nourrice tueuse de Manhattan Yoselyn Ortega qui a tué, à coups de couteaux de cuisine, les deux petits enfants Kim dont elle avait la garde. Elle les avait tués dans la salle de bains de l’appartement familial, situé dans le quartier de l’Upper West Side, alors que leur maman était partie chercher à un cours de danse son troisième enfant Nessie. Chanson douce relate, d’après ce double fait-divers l’histoire d’une baby-sitter meurtrière qui travaille au service d’une famille parisienne composée de Myriam,  une mère avocate, Paul, un père ingénieur et de deux enfants : Mila et Adam. Ils habitent dans le Xe arrondissement. Ce texte commence et se termine par un drame affreux : la mort de deux enfants, Mila et Adam, tués par leur nounou qui a tenté de se suicider sans y arriver.

Le texte de Salwa Bakr, العربة الذهبیة لا تصعد إلی السماء  ou La voiture dorée ne monte pas au ciel, est son premier roman écrit en 1991, appartient à ce que l’on pourrait appeler le récit carcéral au féminin. L’auteure a abordé la criminalité féminine à travers des femmes incarcérées et en a tiré des conclusions valables pour toutes les criminelles égyptiennes, voire toutes les femmes. Elle nous montre des portraits de femmes prisonnières d’un destin souvent désespérant qui leur était imparti par des hommes qu’elles ont croisés sur leur chemin. Elle y reconstruit le passé de seize prisonnières ; elle décrit avec poésie et humour les terribles conditions qui ont conduit ces femmes marginalisées à l’enfermement. Certaines d’entre elles sont, des victimes et d’autres sont des voleuses à la tire ou des meurtrières. Son héroïne-prisonnière Aziza veut écraser la fenêtre de sa cellule pour monter au ciel avec sa voiture dorée tout en sélectionnant de très bonnes accompagnatrices de ses co-prisonnières.  

Ainsi, nous allons nous interroger non seulement sur les manières dont les criminelles se construisent dans les deux textes, mais également sur la façon dont est imaginée, figurée et analysée cette violence. Celle-ci fait des femmes criminelles des monstres sortant de la douceur féminine attendue. Chaque texte va leur donner une place et des caractéristiques propres. Et donc bien que deux univers romanesques différents, les deux auteures osent bafouer les conventions établies et  insèrent des personnages de femmes criminelles dans leurs œuvres en en faisant leurs héroïnes.

Toutes les deux brossent un portrait d’une féminité complexe, trouble et criminelle. Dans deux écritures complètement détachées des modèles masculins proposés ou imposés, donnent naissance à de nouvelles formes d’expression interrogeant les notions d’étrangeté, de dédoublement et de transgression féminine. Le roman devient, en quelque sorte, comme un laboratoire pour bien étudier les individus ; voire un outil littéraire puissant pour dépeindre la position des femmes au sein de la société française et égyptienne contemporaines. Des femmes qui commettent des actes de violence destructive envisagés quelquefois comme une action désespérée, une auto-défense ou une prise de pouvoir :

Aziza continuait, jusqu’à ses moments d’enfermement, à se rappeler de ses anciens souvenirs qui ne laissent jamais regretter ce qu’elle a fait […] parce que celui qu’elle a tué n’était pas l’homme qu’elle a avait connu

ظلت عزیزة وحتی لحظات جلوسها هذه فی  السجن تجتر ذکریاتها القدیمة، التی تجعلها لا تندم علی ما فعلته أبدا [...] لأن من قتلته، لم یکن الرجل الذی عرفته وخبرته[13]

Nous constatons qu’il n’y a pas de traces d’empathie chez Aziza pour sa victime, mais bien au contraire, on assiste à une absence totale de cette compassion. Celle-ci ne se manifeste jamais au niveau des détails. Ce manque de compréhension existe également chez les autres criminelles prisonnières comme Henna qui a tué son mari, après quarante cinq ans de mariage. Elle le tuait en riant à voix haute :

Henna a découvert, alors qu’elle dialoguait avec Aziza […] une vérité qu’elle ne saisissait pas, durant les longues années de sa vie, c’est qu’elle devait se débarrasser de cet époux avec lequel elle a vécu à peu près quarante cinq ans.

إکتشفت حنة، وهی تحکی حکایتها لعزیزة [...] حقیقة لم تفطن إلیها طوال سنوان عمرها الطویلة، وهی أنها کان یجب علیها التخلص من ذلک الزوج الذی عاشرته حوالی خمس واربعون عاما[14]

Une écriture différente et qui pourrait exercer un attrait irrésistible et une curiosité chez les lecteurs : « Ce serait peut-être ce que nous attendons de la littérature, qu'elle transforme l'extrême singularité de faits (...) en quelque chose visant l'universel ou du moins capable de rejoindre l'autre dans sa propre singularité[15]».

Une monstruosité littéraire.

Les zones d’ombres féminines qui persistent, les excès meurtriers, les angoisses et les fantasmes des criminelles sont à l’image de cette inquiétante  monstruosité littéraire. Le Trésor de la langue française définit la monstruosité comme : « ce qui est contraire aux normes habituelles, un acte, comportement ou fait qui suscite la réprobation, l’indignation […] ce qui choque la raison, le goût, les bienséances[16] ». Régis Bertrand et Anne Carol  proposent une autre définition dans leur ouvrage intitulé Le monstre humain, imaginaire et société. Ils définissent le monstre comme : « celui qui a poussé la violence jusqu’à un point de non-retour, absolument excessif et dramatique. C’est aussi celui qui rompt avec l’ordre du monde et transgresse les lois sociales et morales[17] ». Nous constatons, dans les deux définitions précédentes, que l’accent est mis, non seulement sur les côtés physiques et tangibles, mais également sur la moralité. Ces deux éléments seront largement sondés dans l’analyse des criminelles dans les deux romans choisis.

Nos deux romancières concentrent ces traits de la monstruosité et projettent à travers les différentes représentations des criminelles qui peuplent leurs univers romanesques des craintes face aux outrances meurtrières féminines qui échappent aux normes. Des « monstres » qui ne pensent jamais au meurtre en tant que tel. Elles sont généralement mises en récit en tant que femmes exceptionnelles et « hors du commun », dépourvues d’affectivité, cruelles mais dotées de caractéristiques extraordinaires.

Physionomies de criminelles

Les criminelles, dans notre corpus, ne portent pas les strates du meurtre en elles et sur elles. Dans les deux romans, les criminelles se présentent sous une apparence tout à fait banale, en refusant le conventionnel effet miroir qui voit que l’extérieur n’est que le reflet de l’intérieur. Sylvie Chales- Courtine a ajouté que la monstruosité se déplace vers la banalité : « d’exceptionnel et singulier, le crime est désormais envisagé comme susceptible de prendre racine dans l’homme ordinaire […] ce qui enflamme l’imagination, ce sont surtout les personnages ordinaires que leurs actes rendent fascinants[18] »

Dès le début des deux textes, nous constatons que les criminelles représentées sont munies d’un physique attrayant, d’une beauté ravissante et d’un potentiel de séduction qui les rajeunissent. Elles n’ont aucune allure virile. Myriam dit de Louise : « la nounou ressemble à une petite poupée[19] » et Paul ajoute un peu plus loin : «Elle est si parfaite, si délicate, que je ressens parfois une forme d’écœurement, a-t-il avoué à Myriam[20] ». Ces criminelles peuvent avoir même un physique assez chétif qui n’est pas du tout révélateur de leur intérieur. Leila Slimani décrit son héroïne Louise minutieusement en tant que jeune femme munie d’un corps chétif, elle dit : « elle dont la silhouette est si frêle, si menue, que de loin on lui donnerait à peine vingt ans. Elle a pourtant plus du double[21] ». Derrière ce physique fragile d’apparence, Louise cache une force colossale : « Puis elle (Myriam) se souvient qu’elle a déjà remarqué l’étonnante force de Louise. Une ou deux fois, elle a été impressionnée par la façon dont elle se saisissait de paquets lourds et encombrants, tout en tenant Adam dans ses bras[22] ».

Louise exploite bien ses apparences pour rassurer ses patrons. Elle tisse sa toile à leur insu et se rend indispensable. Les parents, qui travaillent tout le temps et sont peu disponibles, sont tous les deux éblouis de son physique et admirent sa bonté extraordinaire : « Paul et Myriam sont séduits par Louise, par ses traits lisses, son sourire franc, ses lèvres qui ne tremblent pas. Elle semble imperturbable. Elle a le regard d’une femme qui peut tout entendre et tout pardonner. Son visage est comme une mer paisible, dont personne ne pourrait soupçonner les abysses[23] ». Paul, le père est sous le charme de son corps : «  Louise a des fesses[24] ». Nous constatons que cette séduction est intelligemment méditée par Louise pour impressionner la famille à travers l’emprise séductrice. Elle les séduit tout en s’appropriant de leur appartement : « Louise fait de cet appartement brouillon un parfait intérieur bourgeois. Elle impose ses manières désuètes, son goût pour la perfection[25] ». Elle se permet de tout faire dans cet appartement, d’abuser des chambres en l’absence des maîtres : « Tous les jours, elle prend une douche dans l’appartement de Paul et Myriam […] Elle enfonce ses doigts dans les pots de crème que Myriam accumule[26] ». L’appropriation spatiale prend la forme d’un vol. Tout ceci se passe sans aucune résistance du couple : « réagissent comme des enfants gâtés, des chats domestiques[27] ».

Salwa Bakr a, elle aussi, mis l’accent sur la beauté captivante d’Aziza, son personnage principal, dans sa jeunesse:

Il lui a dit (le beau père à Aziza), alors qu’elle était encore dans ses bras, qu’il l’aime énormément parce qu’elle jeune et jolie. Elle ressemble aux sirènes de mer qui n’apparaissent que secrètement pendant la nuit.

قال لها (زوج الأم لعزیزة) عندما کانت ما تزال فی حضنه، إنه یحبها حبا شدیدا لأنها صغیرة وجمیلة، وکأنها حوریة من حوریات البحر اللواتی لا یظهرن إلا أثناء اللیل سرا[28]

Elle est d’une beauté parfaite :

… et jusqu’à ce qu’elle devienne une jolie jeune fille d’une beauté et forme parfaites

... وحتی صارت شابة جمیلة مکتملة الجمال والتکوین[29]

Toute sa beauté corporelle ravive sa jeunesse révolue :

Ainsi, elle s’est rendue compte que  c’était cet autre, qui ressemble à son amoureux, qui a violé son beau corps.

وهکذا أیقنت أن ذلک الآخر الشبیه، هو المغتصب لجسدها الجمیل[30]

 

Aziza sourit d’un large sourire satisfait faisant voir ses dents qui étaient belles et dans le passé

إبتسمت عزیزة إبتسامة عریضة راضیة، بانت معها أسنانها التی کانت لؤلؤیة جمیلة فی زمن غابر[31]

Ces descriptions corporelles jouent des rôles variés, soit qu’elles contrastent dans leur banalité avec l’atrocité des crimes commis dans les deux romans, soit qu’elles se construisent en écho d’un psychisme déviant tout en réfutant l’effet miroir. On pourrait même dire qu’il s’agit de belles criminelles.

Figures emblématiques de criminelles

Les auteures du corpus nous font part également de quelques caractéristiques paranormales auxquelles il s’avère clairement que nos protagonistes sont des criminelles à dimensions symboliques.  Elles les rendent extraordinaires, hors du commun, dotées de pouvoirs surnaturels. Nous assistons à une atmosphère horrifiante grâce à l’hybridité de monstruosité représentée par les criminelles. Leila Slimani, assmile Louise, tout au long de  Chanson douce à des figures mythiques : une fée, Marry Poppins, un fantôme, une divinité hindoue, une ombre et une figure animalière.  Elle la compare à une fée, ce qui pourrait donner l’impression d’appartenir à un monde merveilleux dans : « Ma nounou est une fée. C’est ce que dit Myriam quand elle raconte l’irruption de Louise dans leur quotidien[32] ». Elle l’assimile également, dans une autre image mythique à Mary Poppins[33] : « qu’elle a des airs de Marry Poppins[34] ». De même, Slimani compare Louise à une divinité hindoue dans: « Elle est Vishnou, divinité nourricière, jalouse et protectrice[35] ». Elle ajoute d’autres pouvoirs surnaturels à son héroïne, en l’assimilant une fois à un spectre, un fantôme : « Louise ressemble à une petite vieille, à un fantôme troublant dans le matin pâle. Ses cheveux, sa peau se sont vidés de toute couleur[36] » et une autre fois à une ombre, un double de corps mouvant : 

 La nounou est comme ces silhouettes qui, au théâtre, déplacent dans le noir le décor sur la scène. Elles déplacent dans le noir le décor sur la scène. Elles soulèvent un divan, poussent d’une main une colonne en carton, un pan de mur. Louise s’agite en coulisse, discrète et puissante[37].

L’auteur va jusqu’à assimiler son personnage à une figure animalière mythique qui allaite et abrite : « Elle est louve à la mamelle de qui ils viennent boire, la source infaillible de leur bonheur familial[38] ». De plus, un autre  rapprochement se fait entre Louise et la figure mythique de l’infanticide Médée[39] quand  Louise met son pouvoir magique au service de ses maîtres et de leurs enfants : « Il faut qu’elle ait des pouvoirs magiques pour avoir transformé cet appartement étouffant, exigu, en un lieu paisible et clair[40] ». En effet, Louise cherche tout le temps à impressionner ses patrons par ses forces surnaturelles :

 Myriam sort discrètement de la chambre et elle observe les petits agglutinés autour de la nounou. Ils tournent autour d’elle, totalement captivés. Elle a préparé des chansons et des tours de magie. Elle se déguise sous leurs yeux stupéfaits et les enfants, qui ne sont pourtant pas faciles à berner, savent qu’elle est des leurs[41].

Dans toutes ces comparaisons et assimilations, on se trouve dans un univers tout à fait extraordinaire, mythique et irréel qui démontre l’appartenance de Louise à un monde surhumain. Ce qui pourrait provoquer chez le lecteur à la fois une peur et une fascination.

Par contre, la présence de ce monde merveilleux se manifeste, dans La voiture dorée ne monte pas au ciel, à travers le monde onirique dans lequel vit notre protagoniste Aziza. Elle se trouve seule dans sa cellule, accrochée à sa fenêtre contemplant toujours les étoiles, préparant son voyage céleste avec d’autres prisonnières dans sa voiture dorée :

Ainsi, les nuits passent et elle (Aziza) pense à toutes celles qu’elle accompagnera dans sa belle voiture dorée, tirée par des chevaux blancs ailés pour son voyage vers le ciel.

وها هی تمضی اللیالی، تفکر بصفاء ودقة فی کل، أولئک اللواتی سوف تأخذهن معها، فی عربتها الذهبیة الجمیلة، ذات الأفراس البیضاء المجنحة الصاعدة إلی السماء[42]

Essence psychologique des criminelles.

Si nos auteures décrivent pertinemment la profondeur psychologique de leurs personnages, c’est pour montrer à la fois le caractère hors normes des crimes commis et ausculter les sociétés égyptienne et française dans leurs contradictions. Les deux romancières s’interrogent sur le rapport autant professionnel qu’intime entre des personnes appartenant à des classes sociales différentes. Elles questionnent également la place de la femme active au sein des deux sociétés, tiraillée entre leur carrière professionnelle et l’éducation de leurs enfants ou entre leurs sentiments amoureux et les tabous qui leur sont liés. Les deux textes regroupent donc diverses problématiques actuelles relatives au rythme infernal que nous imposent nos quotidiens contemporains.

Les écrivaines réussissent particulièrement à expliciter l’essence psychologique de leurs personnages: leur tempérament, leur complexe d’infériorité, leur repliement sur eux-mêmes et  leur solitude. Elles ont également l’intérêt de glisser dans les méandres psychologiques de leurs personnages tout en leur accordant un statut assez complexe et en les assimilant à des figures faisant partie des mondes merveilleux. Ces personnages éprouvent à la fois un conflit psychique interne, entre leurs attentes affectives et les exigences et les apparences de la vie sociale : des personnages déséquilibrés et fous. La solitude conduit Aziza à la folie dans La voiture dorée ne monte pas au ciel :

Au bout de quelques années, après son entrée en prison, les symptômes de la démence commencent à apparaitre  peu à peu chez Aziza. Au début, on la voyait se parler de temps en temps.

کانت أعراض الجنون قد أخذت فی الظهور علی عزیزة، شیئا فشیئا بعد سنوات قلیلة من دخولها السجن، ففی بدایة الأمر، شوهدت وهی تحادث نفسها بین الحین والحین[43]



[1] Marie- Andrée Bertrand voit dans la criminalité féminine un non-phénomène. Après avoir repris les principales études menées sur ce sujet, elle les avait considérées comme « peu fructueuses » et elle en conclut qu’elles étaient « l’empreinte tantôt de biologisme, tantôt de sociologisme, tantôt de psychologisme » (La femme et le crime, Montréal, 1971, p. 1)

[2] Octave Mirbeau, Le jardin des supplices, Charpentier- Fasquelle, 1899

[3] François Mauriac, Thérèse Desqueyroux, Grasset, 1927.

[4]  سلوی بکر، العربة الذهبیة لا تصعد إلی السماء، نسخة إلیکترونیة متاحة علی موقع https://www.books4arab.org/2016/01/pdf_277.html?m=0

[5] Romancière et nouvelliste égyptienne, fondatrice de la revue féminine «  Hajar », née au Caire en 1949. En 1985, elle a publié son premier recueil de nouvelles intitulé «  Zinat fi Janasat ar-Ra'is » ou  Zinat aux obsèques du président, puis en 1993, elle a écrit son premier roman appelé « Wassf al-bulbul » ou Description du rossignol. Ses livres ont été traduits en plusieurs langues, y compris le français.

[6] Journaliste et romancière franco-marocaine. Elle a reçu le Prix Goncourt pour son deuxième roman Chanson douce qu’on est en train d’analyser. Elle se consacre entièrement à l’écriture littéraire après avoir démissionné de la rédaction de Jeune Afrique en 2012. En 2017, elle devient la représentative personnelle du président français pour la francophonie.

[7] En 2014, Catherine Ménabé partait, dans son étude intitulée La criminalité féminine, L’Harmattan, Paris, 2010, du fait que cette criminalité est «  marginale et atypique » et elle en conclut en affirmant que cette criminalité « fait l’objet de plusieurs stéréotypes qui induisent une conception  fausse et une analyse éloignée de la réalité atypique ».

[8] [8]صلاح عیسی، رجال ریا وسکینه، سیرة سیاسیة وإجتماعیة، دار الأحمدی للنشر، القاهرة، 2002.

[9] محمد عبد الوهاب، سرداب المومسات، أوسکار للنشر والتوزیع، القاهرة، 2010.

[10] Voir Rebelles et criminelles chez les écrivaines d’expression française, sous la direction de Frédérique Chevillot etColette Trout, Rodopi B.V, Amsterdam- New York, NY 2013.

[11] Paula Ruth Gilbert, Violence, Silence and the Female Imagination :Quebec’s Women writers Reframe Gender in north american Culture, Montréal: McGill-Queen’s U.P., 2006.

[12] Leila Slimani, Dans le jardin de l’Ogre, Gallimard, 2014.

[13]  سلوی بکر، العربة الذهبیة لا تصعد إلی السماء، ص. 13.

[14]  المرجع السابق، ص 72.

[15] Jean-Bertrand Pontalis., Un jour, le crime, Paris, Gallimard, 2011.

[16]Le Trésor de la langue française informatisé, disponible sur : http://atilf.atilf.fr/dendien/scripts/tlfiv4/showps.exe?p=combi.htm;java=no, entrée monstruosité

[17] Régis Bertrand, et Anne Carol, « Le monstre » humain, imaginaire et société, Aix en Provence : Publications de l’Université de Provence, « Le temps de l’histoire », 2005, p.7.

 

[18] Sylvie CHALES- COURTINE, « La fascination des figures criminelles dans les faits divers du XIXème et XXème siècles », dans Fictions et figures du monstre, nْ 18, p. 55, consulté le 18 décembre 2017.

[19] Leila Slimani, op. cit.,p. 62.

[20] Ibid., p. 104.

[21] Ibid., p. 22.

[22] Ibid. 37.

[23] Ibid., p. 20.

[24] Ibid., p. 62

[25] Ibid., p.25.

[26] Ibid., p. 168-169.

[27] Ibid., p. 115.

[28]  سلوی بکر، ص. 20.

[29]  المصدر السابق، ص. 13

[30]  المصدر السابق، ص. 14.

[31]  المدصر السابق، ص. 10

[32] L. Slimani, op. cit., p. 25.

[33] L’auteure fait allusion au roman d’enfance  l’œuvre Marry Popins de l’australienne Pamela Lyndon Travers, publié en 1934 et qui met en récit une magicienne de quatre enfants, munie d’une force magique. Elle flotte dans l’air avec son parapluie pour ramener ces enfants au monde de merveilles.

[34] L. Slimani, op. cit.., p. 27.

[35] Ibid., p. 48.

[36] Ibid., p. 151.

[37] Ibid., p. 48.

[38] Ibid.

[39] Médée, la fille d’Eétès, roi de Colchide, est une mère qui souffre de l’obsession de la passion pour Jason, elle éprouve aussi des angoisses de ses trahisons. Elle exerça ses dons magiques pour aider son amoureux à récupérer la précieuse Toison d’or.

[40] Leila Slimani, op. cit.., p. 25.

[41] Ibid., p. 38.

[42]  سلوی بکر، العربة الذهبیة لا تصعد إلی السماء ، ص. 48-49.

[43]  سلوی بکر، ص. 46.

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VII-       Dictionnaires
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